Média & Divertissement : Starnews / I&P (Afrique / États-Unis / France)
Investisseurs & Partenaires (I&P), fonds français d’impact qui finance et accompagne des start-up et PME en Afrique subsaharienne, a participé à une pré-Série A d’un montant non divulgué au profit de StarNews Mobile, une plateforme panafricaine de distribution de contenu vidéo mise en place en 2017 par le camerounais Guy Kamgaing (voir fiche opération sur CFNEWS). Cette plateforme digitale, d’abord lancée en Côte d’Ivoire, permet aux créateurs de contenu africains de produire, distribuer et monétiser aux abonnés mobiles du continent du contenu vidéo sur des thématiques diverses. Depuis son siège social de Santa Monica (Californie), l'entreprise opère aujourd'hui en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Congo et en Afrique du Sud grâce à une trentaine de salariés et des partenariats avec de grands opérateurs mobiles africains, tels que MTN et Orange. C’est par l’intermédiaire d’I&P Afrique Entrepreneurs 2 (IPAE 2) que le fonds dirigé par Jean-Michel Severino (l’ancien patron de l’AFD) et comptant environ 90 collaborateurs a réalisé cette levée de fonds - la première pour la société cible, destinée à la soutenir dans son expansion en Afrique subsaharienne, mais aussi à faire monter les équipes locales (Abidjan, Douala, Johannesburg, Lagos) en compétences, et développer du contenu avec plus de valeur ajoutée pour les utilisateurs. Au cours de ses trois ans d’existence, IPAE 2 a conclu neuf investissements, avec pour vocation de favoriser l’émergence d’une nouvelle génération d’entreprises africaines responsables. Actif à Madagascar, en Afrique de l’Ouest et en Afrique de l’Est, le véhicule ambitionne, d’ici 2022, de financer une vingtaine de PME africaines supplémentaires, grâce à des montants allant de 300 K€ à 3 M€. En janvier 2020, pour son troisième et dernier closing, il a dépassé son objectif de collecte initial (80 M€) en atteignant les 92 M€.
Agriculture & EnR : SunCulture / Energy Access Ventures / EDF / Acumen Capital Partners / Dream Project Incubators (Kenya / France / Canada / Singapour )
La start-up kényane SunCulture, qui conçoit et commercialise des pompes à eau solaires et des systèmes d’irrigation sur-mesure, accompagnés de services d’entretien pour les petits agriculteurs, vient de réunir 11,5 M€ (14 M$) auprès des français Energy Access Ventures (EAV) - contrôlé par Schneider Electric - et EDF, ainsi que du canadien Acumen Capital Partners (ACP) et du singapourien Dream Project Incubators (DPI). EDF avait déjà souscrit en 2018 à des obligations convertibles en actions émises par la société nairobienne (relire bulletin #15). Ces nouvelles ressources serviront à distribuer ses pompes à eau solaires pour l’irrigation en Éthiopie, en Ouganda, en Zambie, au Sénégal, au Togo et en Côte d’Ivoire, offrant ainsi aux agriculteurs bénéficiaires la possibilité de multiplier leurs revenus (voir fiche opération sur CFNEWS). Pour mener à bien cette levée de fonds, SunCulture a fait appel à la société de conseil londonienne Ekta Partners, et a reçu le soutien consultatif (en termes d'opportunité du marché et de paysage concurrentiel) de CrossBoundary, fournisseur kényan d’énergie solaire aux clients commerciaux et industriels (C&I) en Afrique. La jeune pousse fondée en 2013 vend ses équipements grâce au pay-as-you-go (payement à l’usage), un système facilité par le « mobile banking ».
Logiciel : Aerobotics / Naspers Foundry / FMO Ventures / Cathay AfricInvest Innovation (Afrique du Sud / Pays-Bas / Afrique)
Après une levée de fonds de 5,5 M€ (100 MZAR) au printemps 2019 (relire bulletin #41), le sud-africain Aerobotics, qui analyse des images aériennes capturées par des drones et les met à la disposition des exploitants agricoles pour les aider à améliorer leurs rendements et surveiller leurs productions, décroche 13,8 M€ (250 MZAR) lors d’un tour de table mené par Naspers Foundry, la branche d’investissement du groupe sud-africain Naspers, avec la participation du néerlandais FMO et du fonds panafricain Cathay AfricInvest Innovation (voir fiche opération sur CFNEWS). Mis en place en 2019 par le VC franco-chinois Cathay et le capital-investisseur tunisien AfricInvest, et d’une taille cible de 120 M€, ce dernier a vocation à accompagner une vingtaine de jeunes entreprises innovantes générant déjà du chiffre d’affaires, afin d’en financer la croissance et la mise à l’échelle. Ce nouvel apport financera le développement technologique et l’expansion internationale de la pépite sud-africaine, fondée en 2014 par James Paterson et Benji Meltzer, au-delà de sa terre natale ainsi que de l’Australie et des États-Unis où elle est déjà active.
Infrastructures télécoms et informatiques : Africa DataCentres / Liquid Telecom / International Development Finance Corporation (Afrique du Sud / Maurice / États-Unis)
L’US International Development Finance Corporation (DFC) apporte un soutien de poids à l’essor du marché africain du stockage de données, en injectant 247 M€ (300 M$) dans Africa DataCentres (ADC), la branche johannesbourgeoise de stockage de données du fournisseur mauricien Liquid Telecom, lui-même contrôlé par le groupe Econet, du milliardaire zimbabwéen des télécommunications Strive Masiyiwa. L’institution américaine souhaite que cet investissement soit consacré à « l'acquisition et l'expansion des actifs de data centers existants » au Kenya et en Afrique du Sud, ainsi qu'à faciliter « l'entrée de la DFC sur de nouveaux marchés » dans la région, par le développement, la construction et l'exploitation de centres de données. Contrairement à l’OPIC, auquel elle a succédé en 2018, la DFC est autorisée à effectuer des prises de participation au lieu de se contenter de subventions ou d'aides. Quelques mois plus tôt, Strive Masiyiwa avait annoncé l’obtention par Liquid Telecom et ADC de terrains destinés à la construction des plus grands centres de données au Ghana et au Nigeria, érigeant ainsi l'Afrique de l'Ouest en une zone de concentration pour l'investissement et l'expansion de ces infrastructures télécoms.
Nouveau fonds : Renewable Energy and Energy Efficiency Fund / FONSIS (Sénégal / Afrique de l’Ouest)
Un nouveau fonds d’investissement dédié aux EnR et à l’efficacité énergétique vient d’être porté sur les fonts baptismaux en Afrique de l’Ouest. Baptisé Renewable Energy and Energy Efficiency Fund (REEF) et visant une enveloppe de 109 M€, il doit sa naissance au FONds Souverain d’Investissements Stratégiques (FONSIS) du Sénégal. Ce dernier a mandaté Fieldstone, banque d’affaires spécialisée dans les domaines de l’énergie et des infrastructures, comme conseiller financier, afin de mobiliser les financements requis auprès des investisseurs institutionnels, et mettre en place la société de gestion pour un horizon de vingt-et-un ans (période d’investissement sur les sept premières années). Le REEF interviendra en dette subordonnée ou quasi equity auprès de développeurs de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), dans le cadre du renforcement de leurs fonds propres. La maturité de la dette subordonnée mise à disposition des développeurs ne devrait pas dépasser quinze ans. Visant à contribuer à la réalisation des objectifs de développement ambitieux de l’UEMOA, qui impliquent une augmentation considérable de la consommation d’énergie tout en atténuant l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, le nouveau fonds compte réaliser son closing d’ici le deuxième trimestre 2021.
Fonds - Infrastructures : African Infrastructure Investment Managers / (Afrique du Sud / Afrique subsaharienne)
L’African Infrastructure Investment Managers (AIIM), fonds de private equity dédié aux infrastructures, vient de collecter 66 M€ (80 M$) supplémentaires pour son troisième véhicule, African Infrastructure Investment Fund 3 (AIIF3), destiné à financer les projets de développement durable en Afrique subsaharienne, avec des tickets compris entre 15 et 49 M€ (20 et 60 M$), et en privilégiant les opérations de taille moyenne avec des périodes de construction plus courtes. Cela porte à 329 M€ (400 M$) le total des sommes mobilisées pour celui-ci. En mai 2019, il avait réalisé son dernier closing à 263 M€ (320 M$), laissant aux investisseurs institutionnels existants la possibilité d’augmenter leur mise jusqu’en novembre 2020. Détenant d’ores et déjà neuf actifs - dont sept opérationnels et deux qui devraient commencer leurs opérations commerciales en début d’année prochaine - AIIF3 investit dans les infrastructures des secteurs de l’électricité (y compris verte), des transports et des infrastructures numériques. Il a par exemple pris des participations au capital des filiales kényane, rwandaise et congolaise du britannique Bboxx, par l’intermédiaire d’une société holding nommée Beyond Energy Investments, et lancé AIIM Hydroneo, une JV avec Hydroneo Afrique (filiale du toulousain Mécamidi), qui s'est fixé pour objectif d’exploiter le potentiel hydroélectrique de l’Afrique, principalement grâce à des centrales au fil de l’eau, dont l’impact environnemental et social est moindre que les projets hydroélectriques à grande échelle.
Fonds - Distribution : Helios Investment Partners / BIM Maroc / Fairfax Africa (Royaume-Uni / Maroc / Afrique)
Le britannique Helios Investment Partners, le plus grand fonds de capital-investissement axé sur l'Afrique avec 3 Md€ d’actifs sous gestion, vient de sceller un partenariat avec BİM Birleşik Mağazalar (BIM), leader turc de la distribution alimentaire à prix discount, fort d’environ 5,6 Md€ (7 Md$) de chiffre d'affaires en 2019 et valorisé plus de 5 Md€ (5 Md$) à la Bourse d’Istanbul où il est coté. Dans le cadre de ce partenariat, Helios acquiert une participation de 35 % au capital de BIM Maroc, valorisant la filiale autour de 165 M€ (200 M$), et appuyant ainsi le plan de développement de ses activités au sein du royaume chérifien. Depuis la création de BIM Maroc en 2009, le distributeur turc a fortement investi dans ses activités marocaines, avec l’ambition d’en faire prochainement une plateforme de lancement au service de ses ambitions africaines. La filiale dispose de plus de 500 magasins dans tout le pays, et a su renforcer sa position et sa visibilité au cours de la pandémie, grâce à la disponibilité élevée de ses produits, permise par sa plateforme logistique et son approvisionnement à plus de 85 % local.
Le fonds britannique, qui vient d’annoncer l’ouverture d’un bureau à Paris, est d’autant plus sous les feux des projecteurs qu’il a récemment finalisé un accord avec le canadien Fairfax Financial Holdings pour fusionner leurs activités africaines respectives. Ce rapprochement donnera naissance à une nouvelle entité, le fonds Helios Fairfax Partners Corporation (HFP), un poids lourd panafricain du private equity coté à la Bourse de Toronto. Bénéficiant des activités de gestion d'actifs d’Helios Investment Partners, qui en détiendra 45,9 %, il investira dans des entreprises africaines tant privées que publiques, en cherchant à réaliser une plus-value du capital à long terme. Son business model lui permettra de générer des revenus diversifiés, issus à la fois de son activité de gestion d’actifs, et des revenus d’intérêts tirés de la gestion des fonds d’investissement. Tope Lawani et Babatunde Soyoye, co-fondateurs d’Helios IP en 2004, ont été nommés co-directeurs généraux de la nouvelle entité.
Événement :
- Avril 2021 : remise des prix de la première édition de l'Africa Digital Manager Award (ADMA), dont l'appel à candidatures vient d'être lancé par Inetum (ex GFI Informatique), en partenariat avec l'École Centrale de Casablanca. Ce concours de l'innovation et de l'excellence managériale en Afrique récompensera trois entreprises et trois manager qui conduisent des projets de digitalisation en Afrique de l'Ouest, Centrale et du Nord.
Et aussi...
- Selon le média parisien Africa Intelligence, le groupe industriel tricolore Eranove, leader de la gestion de services publics et de la production d'électricité et d'eau potable en Afrique, serait sur le point d'accueillir un fonds de pension ivoirien, la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS), à hauteur de 12 % de son capital.
- La holding financière ivoirienne Atlantic Financial Group (AFG) vient de finaliser l'acquisition des filiales de BNP Paribas aux Comores (BICC), au Gabon (BICIG) et au Mali (BICIM), s'affirmant ainsi en tant que véritable acteur bancaire panafricain (relire bulletin #92).
- La Banque Africaine de Développement (BAD) lance la Plateforme de reconstruction des infrastructures hors réseau (PRC) dotée d'un financement mixte de 41 M€ (50 M$), dont 16,5 M€ (20 M$) apportés par le Fonds pour l'énergie durable en Afrique (SEFA), afin de soutenir les fournisseurs d'énergie hors réseau impactés par la Covid-19.
- Le groupe bancaire panafricain Oragroup (présent dans douze pays d'Afrique de l'Ouest et Centrale) et le groupe diversifié malgache Axian (implanté dans six pays du continent africain et de l'Océan Indien) s'associent pour accélérer l'inclusion financière en Afrique, grâce à des offres novatrices au service des plus modestes, comme la nano-épargne en ligne ou les services financiers sur mobile.
- Six ans après le premier programme MEETAfrica, Expertise France, avec le soutien financier de l'UE et de l'AFD, et en partenariat avec l'agence de coopération internationale allemande pour le développement (GIZ) et Anima Investment Network (plateforme de développement économique de la Méditerranée), lance le programme MEETAfrica 2, afin d'accompagner les entrepreneurs des diasporas africaines en France et en Europe.
- La Fondation Mo Ibrahim, créée à Londres en 2006 par le milliardaire et philanthrope d'origine soudanaise Mo Ibrahim, s'apprête à lancer, en collaboration avec le groupe de réflexion Friends of Europe et l'ONG ONE, une nouvelle plateforme pour dynamiser la coopération Afrique-Europe. Se présentant comme un incubateur de partenariat, la Fondation Afrique-Europe vise à mieux orienter les réflexions sur le développement des relations entre les deux continents.
- L'Ouganda va mettre en place un nouveau fonds pour le financement de ses infrastructures électriques. Alimenté par le trésor national (afin de réduire le recours aux prêts extérieurs, principalement contractés auprès de la Chine), il devrait être opérationnel en 2022-2023.
- Accor vient de remporter une nouvelle victoire dans le litige qui l'oppose à l'État togolais depuis six ans, au sujet de l'hôtel Sarakawa à Lomé. Le groupe hôtelier avait demandé en 2014 une indemnité d'éviction, faute d'absence de réponse des autorités à sa demande de renouvellement de contrat de gestion, demande d'indemnité dont il avait été débouté par les juridictions locales. Les deux sentences de la Cour Commune de Justice et d'Arbitrage (CCJA) d'Abidjan rendues cette année dans cette affaire pourraient constituer une jurisprudence concernant les groupes étrangers dans l'espace Ohada (à l'image du cas de Veolia au Gabon, en 2018).
Bonne fin de semaine et à mardi prochain.
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